pariétal

« Philippe Domergue est d’abord visiteur d’espaces et de lieux. Divers, choisis ou proposés : campagne, ferme, château ou cloître. Il est attentif à tout : sol et clocher, surface et volume, à la plante comme à l’arbre, à ce qui pousse comme à ce qui est tombé, à l’apparence fugitive comme à la permanence secrète.»
Jacques Quéralt, Le rôle castor du regard.

 


La série Pariétal est un ensemble d’œuvres hybrides réalisées in situ dans une relation physique au paysage ou aux parois (bâties ou naturelles). Ces œuvres convoquent des modes opératoires comme la fresque photographique, la plantation ou la découpe de végétaux.

Les évènements optiques que Philippe Domergue organise dans les espaces naturels ou urbains provoquent un trouble perceptif et incitent à sortir d’une posture visuelle passive ou superficielle. Le regardeur est invité à ne pas se satisfaire de ce qu’il voit, à dépasser la vision rétinienne et remettre en question ses constructions mentales.

 

L’édition de tirages photographiques ou d’impressions numériques comme traces durables des interventions constitue l’étape finale du processus.

 

Triptyque 4 saisons, 1995, images photographiques en impression laser couleur marouflées sur façades, fenêtres et claustra, paille, terre, plantation de sorgho, maïs et tournesol, arbre sculpté. « Champs d’art en Lauragais », Castelnaudary. Tirage argentique, 45x75cm.

 

Ce triptyque à ciel ouvert est un hommage au vivant et aux cycles naturels. Le cycle de la plante est mis en relation avec celui des images marouflées sur les parois et soumises aux aléas climatiques. Une confrontation féconde entre « concept » et « phénomène », entre « images techniques » (photographiques) et « images traditionnelles » (ici celles sculptées avec la terre, la paille et les plantes).

 

 

 

 

Détails du triptyque, l'artiste dans la plantation de tournesol en train de maroufler les images photographiques de fleurs de tournesol sur le claustrât.

A droite les tournesols à maturité quelques mois plus tard.

 

Champ de vision, 1995, images photographiques (impression laser) marouflées sur façade, fenêtres, porte, parcelle en friche, herbe fauchée, plantation de tournesol et découpe en anamorphose. « Champs d’art en Lauragais », Castelnaudary. Tirage argentique, 50x70cm.

 

Une anamorphose complexe a été installée dans le vif du paysage : 200m de découpe dans la friche doublée d’une combinaison d’images techniques et d’images naturelles.

Au premier plan une image laser, au milieu une parcelle trapézoïdale de tournesols vivants et à l’arrière plan, sur la bâtisse, une fresque photographique composée de plusieurs centaines d’images laser.

 

 

 

 

Détails de l'installation anamorphique

En haut: l'artiste en train de maroufler les images photographiques du champ de colza et coquelicots.

En bas: vue latérale de l'installation avec, à gauche, la parcelle de tournesols d' environ 30m de longueur sur une bande fauchée d' environ 200m.

Sortie de cours, 1999, images photographiques en impression laser n&b marouflées sur paroi vitrée (4x4m), Lycée-Artothèque Antonin Artaud, Marseille. Impression numérique, 50x75cm.

 

Une cage d’escalier transparente photographiée lors d’une sortie de cours de lycée. L’image, agrandie à l’échelle 1, est divisée en 88 éléments de format A3 et installée par marouflage sur la paroi vitrée de la cage.

Un "koan visuel" pour redécouvrir un lieu banalisé par son usage et nous rappeler que le temps saisi par l’image nous échappe mais que, comme l'écrit Dogen: « toute forme, aussi infime et indistincte soit-elle, constitue une présence ».

 

 

 

 

Vues intérieures de l'installation passages d'élèves "en décalé" (quelques mois après le marouflage des images photographiques sur la paroi vitrée).

A droite l'élève prise en amont du projet (au moment de la prise de vue initiale) se retrouve à nouveau, "par hasard", dans le champ de l'objectif... Dans une posture analogue et encore une fois en train de fumer, comme si les 2 photos avaient été prises à quelques secondes d'écart.

Château de Sommières, 1991, images photographiques en impression laser n&b marouflées sur mur bétonné. Tirage argentique, 50x75cm.

 

La situation perceptive proposée ici est paradoxale car les images se substituent à ce qu‘ elles sont censées cacher. Ce redoublement du réel met en tension l'immatérialité de l'image avec le poids de son contenu et réactive la vision.
Qu’est ce que « voir » ? Quelle est la différence entre notre perception sensorielle et la vision des choses ? La question de la « vision authentique » comme dépassement de la vision rétinienne est centrale dans cette série Pariétal.

 

 

 

Vue latérale de l'installation

Futures mémoires 2, 2011,  image photographique en impression numérique n&b sur toile PVC installée sur bâti, commune de Sansa, Pyrénées-Orientales. Impression numérique sur aluminium composite, 80x120cm.

 

Des images anciennes collectées chez l’habitant sont mises en situation sur le lieu même de leur prise de vue originelle. Ce télescopage temporel induit une dialectique entre l’ «Autrefois» et le «Maintenant» et réactive la mémoire collective.

Futures mémoires 3, 2011, image photographique en impression numérique n&b sur toile PVC installée sur bâti, commune de Sansa, Pyrénées-Orientales. Impression numérique sur aluminium composite, 80x120cm.

Place de l’Hôtel de ville, 1997, images photographiques en impression laser n&b marouflées sur pierres, beffroi de l’Hôtel de Ville, Aix-en-Provence. Impression numérique, 50x75cm.

 

Comme souvent dans le travail de Philippe Domergue la matérialité de l’image et de son support est en même temps assumée et interrogée. La texture de la pierre sourd à travers l’image qui ne dissimule pas ses déchirures et déformations. Le regard se trouve piégé dans un va-et-vient entre l’illusion photographique et une réalité visuelle qui résiste au discernement.

 

 

 

 

Moulin du Roc, 1993, images photographiques en impression laser n&b marouflées sur mur de pierres et mur bétonné, Niort. Tirage argentique, 50x75cm.

 

Le dispositif optique est identique à celui mis en place sur le beffroi d’Aix-en-Provence. Des images capturées, imprimées puis juxtaposées et collées sur une surface discontinue. L' écriture photographique se superposant ici à celle du tagueur. Ces images, écrites 2 fois, par la mise à plat du grisé et de la trame photographiques, perturbent fortement la volumétrie des parois investies et mettent à l’épreuve la préhension de la réalité.